Le Comte Charles Tristan de Montholon et Changy

Le General de Montholon

Qui était Charles Tristan de MONTHOLON

(1783-1853)

Circonstances de son arrivée à Changy

Albine de Vassal-Epouse Montholon  Cette photo fait l'objet d'une licence Certains droits réservés

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le general Charles Tristan de Montholon

 

 

 

 

 

  Charles Tristan de Montholon

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Décrit par les chroniqueurs comme étant brave, intelligent, paresseux, mondain, séduisant, intrigant, hâbleur, joueur, aventurier, charmeur, mais surtout prodigue et endetté, Charles Tristan de Montholon était issu de la plus vieille noblesse de France: un de ses ancêtres, Tristan de Montholon, fut tué à la bataille d'Azincourt en 1415 commandant la cavalerie du Duc de Bourgogne.

Il est, en 1807, aide de camp du Maréchal Berthier, en 1809, Colonel Chambellan de l'Impératrice, et au changement d'Impératrice, il est choisi pour aller représenter la France en qualité de ministre plénipotentiaire dans le Duché de Wurtzbourg.

C'est au cours de cette année 1809 qu'entre en scène la jolie Albine de VASSAL, âgée de 30 ans, qui après un premier divorce d'avec un homme d'affaires Jean-Pierre Bignon en 1799, est l'épouse d'un banquier négociant d'origine suisse: Le baron Daniel ROGER  (°2 nov 1769 - &18 août 1800 - †24 mars 1829).
Charles Tristan succombe à son charme et désire l'épouser. Il doit solliciter l'autorisation de Napoléon tandis qu'Albine
entreprend une procédure de divorce. Après un premier refus de Napoléon justifié par le passé tumultueux d'Albine, Montholon usera d'un subterfuge pour renouveler sa demande; il changera l'identité d'Albine et se mariera à Paris le 1er juillet 1812.

Cette ruse est rapidement découverte et la colère de Napoléon, averti au fin fond de la Russie, sera mémorable ; il écrit : "Sa majesté a jugé le mariage que vous avez contracté incompatible avec les honorables fonctions qu'elle a daigné vous confier". La naissance prématurée d'un fils ajouta à la disgrâce du souverain : le couple dut vivre caché jusqu'en 1814.

C'est durant cette période, le 17 septembre 1813, que "Charles Tristan de Montholon Sémouville, Comte d'Empire, Chambellan de sa majesté l'Empereur et Roi, Colonel Adjudant Commandant, Chevalier- de l'ordre de la Légion d'Honneur et Royale de Bavière et Commandeur de l'Ordre de Saint Joseph de Wurzburg" acquiert, de M. PAUL de  MALHERBE 1, le domaine de Changy consistant en :

- un château ayant bâtiments formant deux ailes, cour au milieu fermée de murs et de grille, colombier, jardin potager, verger parc, pièce d'eau, vivier, lavoir.

-Quatre fermes : la Basse Cour du château, la Pinsonnière, la Ragerie, l'Escalue.

- Le moulin à eau de la Porole à faire blé.

- Quatorze manoeuvreries : l’Épine, 3 dans le bourg de Changy, 5 dans le hameau de la Ragerie, 4 à la Chaine et 1 à la Porole. Soit plus de 550 ha dont 2 ha 50 de vigne, l'étang de la Porole et une pièce formant autrefois le petit étang de Changy ; pour la somme de 205 000 F dont la plus grosse partie à régler en mai 1815 et en juin 1816.

Montholon quittera Changy pour Sainte-Hélène en juin 1815.

Mais déjà en 1814 il avait repris du service face aux autrichiens, il ne cesse les combats qu'après avoir acquis la certitude de l'abdication de Napoléon.

" ... Il se rendit immédiatement auprès de l'empereur à Fontainebleau pour lui faire offre de service et protester de son dévouement, lorsque tant de gens comblés par Napoléon désertaient son parti. La Restauration apprécia Montholon, le nomma Chevalier de l'Ordre de Saint Louis le 8 juillet 1814. Mais au retour de l'Isle-d'Elbe, Montholon, malgré les faveurs dont il avait été l'objet de la part des Bourbons, quitta tout pour voler au devant de l'Empereur... "

Entre septembre 1813 et juin 1815 à Changy, le Comte engage rapidement de gros travaux.

Depuis la révolution et le départ de Jean-Baptiste de Villemor qui semble être le bâtisseur du château de Changy dans ses volumes actuels, le château n'avait pas connu de tels travaux : ses propriétaires successifs, Monsieur Gemeau (Seneau) marchand de biens puis Monsieur de Malherbe, se limitant à l'entretien.

L'église, désaffectée de fait par le décret du 28 août 1808 supprimant la paroisse de Changy et la réunissant à celle de Varennes, était abandonnée et probablement en très mauvais état ; elle était la propriété de la fabrique (paroisse) de Varennes.

Montholon "banni" entreprit donc la restauration du château pour le confort d'Albine et de son fils. Il fit aussi agrandir la Basse Cour (la ferme) du château.

Les artisans avaient besoin de matériaux ; qu’à cela ne tienne, ils se serviront sur la démolition de l'église :

1. La nef latérale :

- Le mur de 11,50 m du bas côté avec ses deux pignons de 3,50 m fournira 5 toises cubes de pierres de taille et de moellons,

- Les charpentes, 65 toises de chevrons, arbalestiers, et filières, 14 toises de bois carré,

- 200 carreaux et 3100 tuiles,

2. Le porche: 97 toises de bois et 2500 tuiles.

3. Le clocher : le beffroi, la charpente, l'ardoise, la croix d fer, et le plomb.

4. 1000 carreaux de 6 pouces carré.

5. Deux tombes (probablement celles des anciens seigneurs de Changy : les Pénillons).

6. L’autel en moellons et pierres de taille.

7.La chaire à prêcher et quelques bancs.

La réalisation de ces travaux nécessita l'intervention de terrassiers, maçons, couvreurs, vitriers, ferruriers, menuisiers, scieurs de long, tailleurs de pierres, charpentiers, plombiers, peintres, décorateurs, de Changy, Nogent et Châtillon.

Les travaux ne furent jamais terminés, ils ne sont pas payés, pas plus que l'achat du Domaine ne peut être fini de régler.

Une autre réalisation, le pont enjambant le Puiseau sur l'actuelle RD41, édifié en remplacement d'un gué, a très probablement été construit sous l'égide du Comte car il porte toujours son nom : Pont de Montholon.

En juin 1815, Montholon, par fidélité à l'Empereur ou bien par crainte de la colère des royalistes ou bien parce que ruiné et perdu de dettes, ou pour ces 3 raisons à la fois, s'offrit d'accompagner Napoléon à Sainte-Hélène.

Avisé et pressentant l'incertitude de cette époque, Montholon réalise une société foncière pour Changy chez Maillet, notaire à Paris,

enregistrée le 1er août 1815, dans laquelle il conserve 99 % des parts et laisse à son associé M. Dussaussoir 1 %. Mais cela n'empêchera pas la saisie et la revente du domaine, le 18 mai 1816, en criée au tribunal civil de la Seine à M.M. Jean et Guillaume Margaritis pour 230000F

La vente aux enchères du mobilier de Changy par Laurent Demersay, notaire ~ Châtillon-sur-Loing, eu lieu en présence de Jean-Louis Richard Pillivuyt 2, propriétaire demeurant aux Barres, chargé des procurations de Montholon et de la comtesse Albine, le 26 juin 1815 par devant Me Bertrand notaire à Paris et également exécuteur testamentaire de Montholon. Cette vente dégagea 11585 F afin de couvrir les dettes auprès des 41 créanciers locaux.

En 1816 et 1817 des travaux sont nécessaires sur l'église de Varennes, mais comment financer ? Alors débute un long recours effectué par le maire de Varennes afin de récupérer les 593,60 F, valeur des matériaux soustraits à l'église de Changy.

Montholon revient de Sainte-Hélène en 1821, héritier pour 2/3 des 3000000 F de Napoléon dont il ne disposera réellement qu'en 1824.

Varennes attend toujours ; le sous-préfet suggère alors de réitérer la demande auprès de Montholon. La commune de Varennes multiplie les démarches d'autant plus qu'en 1823 une partie de l'église s'écroule : les travaux sont estimés à 2800 F

Enfin Montholon accepte, mais au lieu de se voir verser l'argent, le conseil de fabrique reçoit le 3 mai 1828 le visa : "vu approuvé à la charge par la fabrique d'employer la somme de 593,60 F offerte par M. le Comte de Montholon, en acquisition de rente sur l'Etat" Nouvelle pirouette !

En 1840, Varennes en est toujours au même point et réitère sa demande mais rien n'indique qu'elle aboutira...

D'autant plus qu'à ce moment Montholon, ruiné, doit s'exiler à Londres. Son destin va croiser celui de Louis Napoléon, il sera arrêté avec lui à Boulogne.

Curieux destin que celui de Charles Tristan de Montholon qui aura partagé la captivité de Napoléon Ier et sa femme Albine, puis la captivité du futur Napoléon III et sa maîtresse la séduisante irlandaise Miss Caroline Jane O'Hara au fort de Ham"'.

Il a passé avec l'un et l'autre plus de cinq années en captivité.

Après le décès d' Albine de Vassal  le 25 mars 1848  à Montpellier,  il épousera Caroline O'Hara  le 16 aout 1848 au cours d'un bal donné en l'honneur de ses petits enfants.

Député de la Charente Inférieure de 1849 à 1851, il s'éteint à Paris le 21 Aout 1853 à l'âge de 70 ans.

"Extrait de L'Echo des Loges . Bulletin Municipal de Varennes-Changy Année 2001"

Patrick PINON  07/04/2023
Varennes-Changy

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