« À l’heure de la désertification médicale, c’est sûr, nous avons de la chance. Et depuis que nous avons relayé sa venue sur Facebook, en moins d’une semaine, nous avons eu 16.000 visites. »
Pour sûr, la commune de Varennes-Changy peut s’estimer heureuse. Le 2 mai 2017 prochain, son cabinet médical accueillera en son sein le Dr Tammam Saleh, ophtalmologiste jusqu’ici basé au CHAM.

 Une nouvelle qui a fait l’effet d’une petite bombe dans le canton, et bien au-delà encore tant la pénurie de spécialistes se fait cruellement sentir en milieu rural. « Le téléphone n’arrête pas de sonner », explique Evelyne Couteau, maire de Varennes-Changy.
Avec désormais deux médecins généralistes, un ophtalmo, une pharmacienne et deux infirmières, le village fait figure d’exception dans le Gâtinais. Une abondance qui est surtout le fruit de la volonté d’une municipalité qui ne s’est jamais résolue à baisser les bras.
« Pendant longtemps, nous n’avions plus qu’un seul médecin au village, le Dr Janvier, qui est parti à la retraite en 2009 », raconte Evelyne Couteau. « Il a fallu nous retrousser les manches. »
C’est comme cela que la même année, une jeune médecin roumaine, le Dr Adela Rusu, intègre pour la première fois le cabinet médical où sont déjà installées deux infirmières.
Six ans plus tard, c’est au tour du Dr Musso, alors médecin urgentiste en région parisienne qui vient s’installer.
Après la réinstallation du Dr Rusu dans l’ancien cabinet du Dr Janvier, une place était donc de nouveau libre dans le cabinet médical. « Nous espérions trouver un autre professionnel de santé. Nous étions alors plus axés sur un dentiste ou un kiné. Un ophtalmo, nous n’y avions pas pensé. Du coup, c’est une vraie belle surprise », explique Evelyne Couteau.
Après quelques recherches infructueuses, c’est le Dr Saleh lui même qui viendra se présenter à la municipalité. « Il est venu me voir. Il désirait ouvrir un cabinet libéral. Il avait le choix entre Châtillon, Bellegarde et Lorris. Et finalement, il a choisi Varennes », raconte Évelyne Couteau.
Afin de faciliter sa venue, la commune a proposé la gratuité du loyer et s’est engagée à faire quelques aménagements nécessaires, notamment en mobilier de base. Des conditions similaires à la plupart des autres communes rurales qui souhaitent attirer un médecin dans leurs filets. Alors quelle est la véritable clé du succès ? « Une ambiance, je pense », explique Évelyne Couteau. « Un relationnel. Et puis, il y a l’environnement. La commune leur plaît. C’est plus convivial et familial, sans prétention. »
Le statut d’un médecin à l’ancienne, loyer gratuit et quelques aménagements.
Et si finalement, s’installer à la campagne n’était pas d’une certaine façon l’occasion pour un médecin de retrouver un statut qu’il a depuis longtemps perdu à la ville ou à l’hôpital ? « Les médecins ont besoin d’être rassurés », souligne la maire de Varennes. « Au fond, ce sont de grands enfants qui ont besoin d’être entourés, de savoir qu’ils vont bénéficier d’une écoute. Ils ne veulent plus être noyés dans une masse hospitalière ou urbaine. D’une certaine façon, exercer à la campagne, c’est retrouver le statut d’un médecin à l’ancienne. »
 

Varennes-Changy
Varennes dit non au désert médical

Docteur Adela Rusu, Diplômée de l'Université de Lasi (Roumanie)

Évelyne Couteau avec le médecin du village,
le docteur Jean-Jacques Musso.

Docteur Tammam Saleh, Ophtalmologue

L'Éclaireur du Gâtinais (Loiret) - 5 Avril 2017 JEAN-LOUIS MACÉ